Publié le 20 mai 2025
Au‑delà des réformes paramétriques, le véritable thermomètre du système français reste le « solde démographique » : combien de personnes quittent chaque année la vie active et combien y entrent ? La réponse varie fortement entre fonction publique et secteur privé, et elle conditionne autant les finances sociales que les tensions de recrutement. Tour d’horizon chiffré, puis coup d’œil sur la façon dont on célèbre le passage à la vie de retraité en France, en Allemagne, en Italie et au Royaume‑Uni.
1. Fonction publique : un moteur de recrutements, mais 157 000 départs en 2023
Selon la Direction générale de l’administration et de la fonction publique (DGAFP), 157 000 nouvelles pensions ont été attribuées à des agents publics en 2023 . L’effet « réforme » a même réduit ces départs de ‑2,6 % par rapport à 2022.
Côté arrivées, la même DGAFP recense plus de 330 000 offres d’emploi publiées sur la plateforme “Choisir le service public” en 2023 . Si toutes ne débouchent pas sur un recrutement, l’Insee estime quand même le solde net à +71 000 emplois publics entre mi‑2023 et mi‑2024 . Autrement dit : pour chaque fonctionnaire qui part en retraite, environ 1,3 nouveau salarié entre dans le périmètre public, souvent sous contrat court.
Lecture rapide : la fonction publique parvient aujourd’hui à compenser ses départs, mais au prix d’une précarisation (hausse des CDD) et d’une pression budgétaire croissante.
2. Secteur privé : 702 000 nouveaux retraités… et une rotation record des embauches
Dans le régime général, 702 000 personnes ont liquidé leur première pension en 2023 . Pour absorber ce flux – et les démissions, ruptures de contrat ou décès – les entreprises françaises ont multiplié les embauches :
6,96 millions de déclarations préalables à l’embauche (DPAE) au seul deuxième trimestre 2023, tous contrats confondus .
1,22 million de DPAE en CDI au premier trimestre 2024, soit un rythme annualisé proche de 4,8 millions .
Malgré ce dynamisme, le solde net d’emplois privés est resté modeste : +6 900 postes sur douze mois à fin 2024, après un repli de 0,3 % au dernier trimestre . La raison ? Les embauches compensent presque exactement les sorties, retraites comprises. En moyenne, il faut près de dix nouvelles embauches (tous contrats) pour contrebalancer un seul départ en retraite, signe d’une rotation très rapide de la main‑d’œuvre.
3. Comparatif chiffré « public vs privé »
Indicateur (2023‑24) | Fonction publique | Secteur privé |
---|---|---|
Départs en retraite | 157 000 agents | 702 000 assurés régime général |
Offres / embauches publiées | 330 000 offres (tous versants) | 6,9 M de DPAE T2 2023 (tous contrats) [oai_citation:10‡Accueil |
Solde net d’emplois (mi‑23 → mi‑24) | +71 000 | +6 900 |
Ratio arrivées / départs | ≈ 1,3 | ≈ 10 (contrats) / ≈ 1,0 (emplois) |
Lecture : le privé recrute massivement mais voit aussi beaucoup de sorties hors retraite (fins de CDD, ruptures conventionnelles). Le public, lui, compense ses retraites par une création nette d’emplois, surtout dans la santé et l’éducation.
4. Célébrer le départ à la retraite : quatre cultures, quatre ambiances
Pays | Rituel dominant | Cadeau typique | Budget moyen |
---|---|---|---|
France | Pot de départ sur le lieu de travail ; toasts et discours humoristiques. | Chèques‑cadeaux, abonnements culture, carte retraite gratuite avec texte personnalisé imprimée par les collègues. | 15 – 40 € par participant. |
Allemagne | Abschiedsfeier souvent après le travail, bière et Bretzel. Le partant offre parfois lui‑même le repas. | Livre photo retraçant la carrière, bon pour un voyage en camping‑car. | 20 – 50 €. |
Italie | Dîner formel avec la famiglia et les collègues. Toast au Prosecco, petits discours affectifs. | Montre gravée ou icône religieuse si milieu traditionnel. | 30 – 60 €. |
Royaume‑Uni | Leaving do au pub ; collecte “whip‑round” pour un chèque ou une carte cadeau. | Hamper gourmet, week‑end en country house. | 10 – 35 £. |
Conseil pratique : dans tous les pays, la personnalisation prime. Mieux vaut une carte pleine d’anecdotes et un montage photo‑vidéo projeté en fin de soirée qu’un objet générique.
5. Tendances 2025 à surveiller
Retraites plus tardives : le relèvement progressif à 64 ans décalera le pic des départs à partir de 2027, soulageant temporairement le ratio arrivées/départs.
Pénurie de compétences publiques : santé et numérique concentrent déjà 45 % des offres d’emploi du service public ; sans attractivité salariale, les remplaçants risquent de manquer.
Flex‑retirement dans le privé : télétravail 1‑2 jours/semaine proposé aux seniors pour retarder la sortie, combiné à un temps partiel aidé.
Célébrations hybrides : le pot “physique” s’accompagne d’un diaporama ou d’un montage vidéo anniversaire gratuit réutilisé comme souvenir partagé sur le cloud familial.
6. En conclusion
Le solde nouveaux travailleurs / retraités demeure positif, mais selon des mécanismes très différents : rotation intense des contrats dans le privé, création brute de postes dans le public. À long terme, le défi portera moins sur le nombre que sur la qualification des entrants ; 42 % des offres publiques publiées en 2023 exigeaient déjà un bac+3 minimum. Quant au rite de passage, il reste un miroir des cultures : sobre en France, décontracté outre‑Manche, chaleureux en Italie, efficace et un brin nostalgique en Allemagne. Dans tous les cas, un message manuscrit ou une carte retraite gratuite avec texte personnalisé fait toujours mouche – preuve que, malgré les chiffres massifs, chaque départ reste d’abord une histoire humaine.